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TikTok accusé d’exposer activement les mineurs à des contenus pornographiques, selon une enquête accablante


Une nouvelle enquête de l’ONG Global Witness révèle que l’algorithme de TikTok oriente les adolescents vers des contenus sexuellement explicites en quelques clics, malgré les dispositifs de protection mis en place par la plateforme.



Dans une enquête publiée le 3 octobre 2025 et relayée par The Guardian, l'organisation Global Witness a mis en lumière le fonctionnement préoccupant de l’algorithme de TikTok.

Pour mener cette étude, l’ONG a créé sept comptes d’utilisateurs âgés de 13 ans — l’âge minimum requis pour s’inscrire sur la plateforme — sur des téléphones sans historique de navigation. Le mode restreint, censé limiter l’accès aux contenus sensibles, a été activé sur chacun des profils.

Malgré ces précautions, les résultats sont sans appel : TikTok a recommandé automatiquement des termes hautement sexualisés dès l’ouverture de la barre de recherche, comme « tenues légères très très grossières », « filles très grossières » ou encore « clip hardcore ».

Dans plusieurs cas, des contenus pornographiques ont été accessibles dès le premier clic, notamment des vidéos mettant en scène des femmes nues, des actes sexuels simulés ou explicites, voire des scènes impliquant potentiellement des mineurs de moins de 16 ans.

Selon Global Witness, le problème ne se limite pas à une exposition accidentelle. Le cœur de l’accusation repose sur le fait que l’algorithme pousse délibérément les mineurs vers ces contenus, en les incitant à explorer davantage via des suggestions ciblées. Plus les chercheurs poursuivaient leur navigation, plus le flux de contenus explicites s’intensifiait, signe d’un système algorithmique alimentant l’exposition au contenu pour adulte.

Face aux systèmes de modération de TikTok, certains utilisateurs déploient des stratégies de contournement : les contenus sexuellement explicites sont camouflés au sein de vidéos apparemment anodines ou dissimulés derrière des miniatures banales. Cette tactique rend difficile la détection automatisée de ces contenus, augmentant le risque qu’ils soient vus par des mineurs.

Des utilisateurs s’en sont d’ailleurs émus sur les réseaux sociaux : « Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qui se passe avec mes recommandations de recherche ? », s’interroge un internaute, tandis qu’un autre lance : « Qu’est-ce qui ne va pas avec cette application ? ».

Interpellée une première fois en janvier par Global Witness, TikTok avait alors affirmé avoir supprimé certaines recommandations problématiques et pris des mesures correctives. Pourtant, lorsque l’organisation a renouvelé son expérience entre juillet et août 2025, les mêmes suggestions sexuellement explicites réapparaissaient.

À la suite de la publication du rapport, TikTok a assuré avoir de nouveau supprimé les contenus incriminés et mis en œuvre des modifications supplémentaires dans son système de recommandations. « Dès que nous avons été informés de ces allégations, nous avons pris des mesures immédiates pour enquêter, supprimer le contenu qui violait nos politiques et lancer des améliorations à notre fonction de suggestion de recherche », a déclaré un porte-parole de la plateforme.

Ce n’est pas la première fois que TikTok est pointé du doigt pour son manque de protection des jeunes. En septembre 2025, en France, la commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Arthur Delaporte, président de la commission, dénonçait alors une exposition massive des jeunes à des contenus « toxiques, dangereux, addictifs ».

Les députés français ont recommandé, entre autres, l’interdiction de l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, en raison des risques psychosociaux identifiés.Cette nouvelle enquête relance le débat sur la responsabilité des plateformes numériques dans la protection des mineurs. Face à des algorithmes puissants et à une modération souvent inefficace, de nombreuses voix réclament des lois plus strictes, des audits indépendants, et une transparence accrue sur le fonctionnement des systèmes de recommandation.
 



Jeudi 9 Octobre 2025


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