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[Les archives de Mofrance] - Le code 2D m'a tuer


Retour historique: en 2007, alors qu'on parlait encore assez peu des usages du codes 2D par les marques, je tentais de montrer comment les opérateurs avaient en partie tué dans l’œuf l'usage de cette technologie de contact IRL (vie réelle) / URL. En 2009 je reprenais cet article pour constater amèrement, que la plus grande cacophonie possible règnait, du coup dans le marché français sur le sujet. Retour en archives sur le mauvais usage du code 2D datamatrix par l'écosystème, et sa mauvaise perception, du coup, par le grand public.



Dans le cadre de mes activités mobiles, je suis ou fut amené à penser que le code barre 2D (ou la reconnaissance d’image, cette image prenant la forme d’un code en deux dimensions) pouvait être un moyen épatant de connecter le mobile à la rue, l’annonce dans la vraie vie avec le monde en ligne, le connecté, via un site idoine.

Qu’en gros, la reconnaissance de code 2D par un lecteur installé sur chaque mobile constituerait une version améliorée ou alternative au marketing de connexion via sms wappush. Qu’on pouvait de la sorte installer un canal remontant entre l’utilisateur, son envie de connaître un site mobile en lui fornissant un mouyen de fainéant. Je flashe avec le logiciel et pouf je suis connecté au site. Impeccable.

 


La déconvenue

Début 2007, quand je publiais la première version de cet article sur  mon blog perso, j’imaginais les applications marketing ou amusantes à l’usage du code 2D en situation.

Ainsi il pouvait être un moyen rapide de connecter un média physique (une affiche, un tshirt, un magazine, un homme tatoué, un pin’s de speed dating) avec un site mobile, dont l’usage mobile se justifiait par l’endroit ou le code aurait été “photographié”.

Jeu concours direct entre l’affiche et le mobile, mise en relation immédiate entre le pin’s de poitrine et la fiche meetic de la personne qui le porte, mise en relation immédiate avec le site de l’entreprise ou le cv sur Linkedin.

Mieux, j’étais bluffé d’avoir vu de mes yeux un catalogue style 3 Suisses, à la japonaise, où chaque produit était taggé. Envoyant les heureux lecteurs vers un site mobile de présentation du produit et d’ajout immédiat, bien entendu, à un panier mobile m-commerce.


J’aimais bien, jusque là l’idée, en poussant la logique sur environnement français, j’imaginais une capsule code 2D qui, à l’instar des capsule SMS+ des opérateurs français à la grande époque des sonneries / logo, auraient eu l’avantage de créer une identité visuelle au code à scanner pour être renvoyé vers un site mobile, qui eut pu être n’importe où (Gallery ou ailleurs) mais qui aurait été garanti « sûr » par l’opérateur mobile qui autoriserait la diffusion de la capsule uniquement aux sites répondant à certains critères techniques, d’affichage, juridiques….

Ainsi, le lien 2D certifié par l’opérateur serait devenu la marque de fabrique reconnue de tous pour la présence d’un lien cliquable dans le monde physique. Le code 2D aurait pu être la signature du web mobile. Dans la presse, les abribus, les jeans à la mode, les conventions de Geeks français…

Or donc, rien n’arrive de manière massive. Et mieux, tous les élans en faveur du code 2D semblent prendre l’eau. (je dis bien semblent). Mon Nokia N93 était bien fourni avec un scanner Mobiletag (hors pack), Tandis que mon N95 8G de SFR, il y a six mois, (in pack) non.

A l’époque de mon N93 donc, les trois quarts des codes scannés, et décodés, m’envoyaient vers une jolie liste de chiffres que mon mobile n’interprètais pas. Il semble qu’il en soit de même aujourd’hui, lorsque qu’un étranger équipé de son code flasher, utilise son téléphone sur les flashcodes opérateur. Sur les abribus (je me rappelle d’un film avec Legitimus où si tu flashais le code tu étais renvoyé vers la bande annonce) ou même les sites web.

Puis je lus sur le site de l’AFMM que pour être lisible un code émis par les opérateurs, scannable, devait être lu par une application homologuée des opérateurs, téléchargeable bien entendu à l’adresse patata patata…

« Bullshit », me disais-je (je n’étais pas très poli à lépoque) je n’allais quand même pas m’ajouter un second lecteur sur le Nokia, alors que mon gentil smartphone en possédait déjà un d’usine. C’est pas tout ça j’y tenais moi à mon espace mémoire …

C’est quoi c’taffaire…me disais-je ? (je ne parlais pas bien le français non plus)

« N.B: le site de l'AFMM a beaucoup évolué sur ce sujet. On peut désormais créer n'importe quel type de flashcode via le site. Mais le mal n'a-t-il pas déjà été fait sur la perception des utilisateurs. »

 

 

[Les archives de Mofrance] - Le code 2D m'a tuer

De la déconvenue à la perception marché

Et en fait, ma réaction est sans doute celle qui freine et a freiné tout le monde à l’usage du code 2D en application de connexion à un site mobile. Annonceur, utilisateur lambda, professionnel… passe encore qu’un code puisse être de forme Aztec, Datamatrix, Q-R(oui parce que même pour les codes, source, il y a plusieurs standards, même si le QR s’est imposé en Asie et le Datamatrix en Europe) ; tant que mon lecteur les reconnait tous (celui de Mobiletag, préchargé dans mon Nokia N93 me décodait systématiquement les chaînes alphanumériques, quel que soit celui des deux standards, flashés, mais ne me renvoyait pas systématiquement sur un site), et qu’ils se ressemblent de loin…

Mais si en plus mes flasheurs de code se font la guerre entre eux et que je dois avoir un type précis de lecteur pour lire un type précis de code qui ressemble à un autre code pour tout utilisateur lambda… on ne risque pas de voir émerger le standard chez la ménagère et le non geek. D’ailleurs même chez les Geeks, poser la question du code 2D c’est obtenir des réponses parfois amusantes.

Un commentaire trouvé ici  résumait et résume toujours ce que je pense aussi, et va plus loin dans l’analyse via les acteurs. Intéressant non? Mais on est pas prêt de voir le code 2D fleurir…

Chère Rédaction, (disait le commentaire)

Il faudrait que vous fassiez le tri entre ceux qui viennent ici pour vendre leur camelote et ceux qui apportent de l’information honnête.

Dans le genre intox flagrante : ” MobileTag utilise une technologie Data Matrix ouverte”. A mourir de rire.

Certes, la technologie Data Matrix est ouverte, dommage que ce soit MobileTag qui la ferme en cryptant ses codes !

Dans le monde entier des dizaines de millions d’utilisateurs profitent des codes 2D pour surfer rapidement et gratuitement sur l’internet mobile.

Le SEUL PAYS AU MONDE qui est en train de se fermer ? cette technologie est la France.

Pourquoi ?

La réponse est simple : nos opérateurs veulent nous faire payer un “péage” pour un service qui est gratuit partout ailleurs.

Vous allez entendre une autre contre-vérité : “l’AFMM souhaite créer un standard afin de faciliter l’accès àcette technologie”.

Foutaises.

Le standard existe déjà, et il est mondial. Allez sur www.semapedia.org et vous verrez avec vos yeux.

Alors par pité, arrêtons les fausses-vérités: le codes MobileTag ne sont PAS ouverts, les codes de l’AFMM ne seront PAS ouverts.

La France est donc tout simplement en train de se mettre en dehors de toutes les normes mondiales, en abandonnant le modèle “open source” gratuit pour l’utilisateur et en lui imposant un logiciel fermé et payant pour lire les codes 2D.

Encore un abus de position dominante de nos chers opérateurs…

Pour Julie : FlashCode en version SFR est basé sur le logiciel Scanbuy (et non pas HotScan qui est un simple distributeur).

Pour l’heure Scanbuy/FlashCode est en mesure de lire les codes ouverts, mais jusqu’à quand… ?

Contrairement à ce que semble indiquer le commentaire, apparemment, la situation ne serait guère meilleure aux Etats-Unis, si je me base sur le commentaire laissé sur le même blog et qui mériterait approfondissement si nous avions un peu de temps. Les opérateurs américains auraient également choisi un lecteur dont le code 2D est le propriétaire. EZcode. Seul le lecteur Scanbuy est capable de le lire. Et ce lecteur, favorisé par les opérateurs ne peut pas lire quant à lui les QR, ni les Datamatrix standard.

Je vous dis pas le mic mac pour l’annonceur, l’éditeur de site mobile à vocation européenne ou mondiale… et la ménagère de moins de 25 ans qui ne travaille pas chez un éditeur de flashcode.


Petit exercice d'uchronie: imaginons la situation

Tu scannes un code 2D parce que c’est ce qu’on t’a dit de faire:

- 1) Tu dois être sûr que le code que tu scannes est bien un code utile à un browser mobile. Inutile de scanner le code 2D de ta basket adidas ou celui présent en série sur tes billets de trains de la SNCF. La seule chose que ces codes te donneraient c’est une série alphanumérique que ton téléphone est bien en peine de transformer en une adresse mobile internet. Normal. Ce n’en sont pas. En cela l’initiative du logo « flashcode » des opérateurs français est une idée géniale pour la médiatisation de l’usage. Mais :

- 2) Imagine que tu passes cet écueil, parce que tu es sûr que le code que tu flashes est bien un code qui renvoie vers un site mobile (Allez soyons-fous imaginons qu’émerge le standard de l’AFMM pour la promotion du code 2D, en forme de cartouche, ? l’instar de ce qu’ils ont promu, avec une certaine intelligence marché dans le cadre du SMS surtaxé.

Même dans ce cas, tu dois trouver l’endroit où est rangé ton scanner, dans ton téléphone, pour vérifier si tu en disposes d’un pré-chargé ou si tu dois d’abord aller en récupérer un.

3) – Youpie tu constates que tu en as un (de série par exemple le Mobiletag sur les Nseries hors pack de Nokia). Tu dois ensuite t’assurer que ce lecteur de ton téléphone est bien compatible avec le code que tu vas te mettre à scanner.

Ben oui, parce que le lecteur Mobiletag il lit bien les codes de l’AFMM, mais il les interprète pas, on a dit plus haut. Quoi? petit fou fou, tu n’as pas téléchargé le bon scanneur de code. Petite andouille va! Oui, oui il marche super bien. Mais oui aussi, Il ne marche super bien que sur les codes de l’AFMM. Si tu trouves un code ailleurs… essaie avec celui de l’AFMM, puis avec ton mobiletag? ca marche toujours pas? T’as vérifié 1)? Oui? bon alors c’est peut-être encore un troisième standard, mis en place par un tiers que tu ne connais pas, ou une version de code mobile américaine, ou nippone….

4) – Tu obtiens un site mobile! Toi t’es un balèze! Pour te remercier d’être un tel geek, Closer (big up à Mondadori) t’offre la vidéo exclusive de Britney Spears qui vomit son quatre heures à LA.

4′)- Tu n’obtiens qu’une série de caractères. Ben comment dire: t’es qu’un bidon qui ne sait pas qu’il y a des codes qui ne sont pas de sites mobiles et des codes qui sont des sites mobiles mais qui ne sont pas décodables par ton lecteur que tu as téléchargé pour lire les codes qui sont des sites mobiles, mais justement pas ceux que tu devrais lire dans le cas présent. Quoi c’est votre cas ? Rassurez-vous, le mien aussi avant de me renseigner pour cet article

 


Imaginons encore: mais avec humour

Mr Geek > “trop de la balle, comment ça tue cette techno, mais ils sont oufs les opérateurs de mettre de pareilles barrière à l’usage, non ?”

Magali élève de 2e: “attends je crois qu’ils disent dans mon Closer? C’est qu’on peut télécharger la vidéo de Britney Spears. Cool. Attends je regarde, il faut télécharger un lecteur de code, j’ai pas ça moi déjà ? attends je regarde. Non ça marche pas. Attends je vais télécharger celui qu’ils disent dans le magazine.

Mike élève de 2eB “Ouais laisse tomber je l’ai trouvée sur Youtube. Attends je te Twitte le lien”.

Simone lectrice de Closer dans le cabinet de la kiné rue Laborde paris 8e, attendant sa gentille kiné un peu en retard > “Attends je scanne, ma fille m’a dit c’est facile…. et hop… tiens 828838828338 oulah c’est bizarre ça, Oulala qu’est-ce que j’ai fait. Zut zut, j’espère que ça ne va pas me coûter des sous encore. C’est de la merde leur truc. Encore un attrape nigaud ce truc, ou alors c’est moi, oula. Madame Simone, c’est à vous on y va…

CQFD????

Vous n’êtes pas convaincus par ma démonstration de 2007 ?

 

[Les archives de Mofrance] - Le code 2D m'a tuer

De l'humour à L'IRL: la cas Dassaut au salon du Bourget

Dassault – 2009

A partir du 15 juin, à l’occasion du salon du Bourget 2009, Dassault propose de suivre leur actualité en vidéo depuis son mobile : En attendant le début du salon, rendez-vous sur notre site mobile pour télécharger des goodies comme des fonds d’écran, des sonneries…en flashant le code en vignette avec votre téléphone ou en tapant directement sur votre mobile www.dassault-aviation.mobi

On y va?

 

Bon d’abord: quel est leur prestataire? (Non allez on s’en fiche).
Y’a personne qui a signalé que l’adresse est infernale à taper dans le navigateur? Personne qui a contacté mettons, Netsize, pour mettre en place un petit bouton webtosmscliquabletowap sur le site. On parle de Dassaut quand même. Pas du dernier site de sonnerie. Bon ou alors à défaut, personne qui leur a dit, on va vous mettre un redirect sur une adresse super simple de type http:// (parce que ça les téléphones le gèrent par défaut) m.dassaut.com?

Bref passons à la partie démonstration par l’absurde.

 

Le site Web en France propose ainsi aux internautes d’aller visiter le site mobile. Dans le jargon, on appelle ça du « web-to-mobile ». Dassault a donc utilisé le Flashcode…

 

…mais prévient que « si l’on ne parvient pas à flasher ce code 2D, il faut se rendre sur la version anglaise ou un autre code 2D est disponible« .

Voici effectivement un QR Code.

Il y a donc un QR Code pour la communauté internationale et un Flashcode pour les français… Pour anticiper la déception d’un utilisateur qui tenterait de scanner un Flashcode avec un lecteur de code 2D universel ou un QR Code avec un lecteur Flashcode, Dassault a dû s’adapter et proposer les deux !

 

 


Apparemment les URL trackent la provenance. CQFD bis?

Je suis assez curieux de lire ou de me faire envoyer les résultats des visites mobiles du site de Dassaut mobile pendant le salon du Bourget qui commence le 15 juin.
J’aimerais discuter avec les concepteurs de la campagne, pas pour tirer sur l’ambulance, mais réellement sur trois points:

1) Qui a eu l’idée géniale de mettre en place un site mobile lié à un événement par essence propice à l’usage mobile (tout qui a déjà sillonné le tarmac du bourget sait de quoi je parle). Pour un commanditaire qui évidemment peut donner des contenus additionnels pertinents à un avion présenté en statique sur la piste ou en cabriole dans le ciel. Génial! Sérieusement je suis super heureux que de telles initiatives deviennent logiques.

2) Qui a pensé au code 2D plutôt qu’une autre solution de connectique de site mobile? Comment a-t-on envisagé en terme de communication l’obligation de mélanger les lecteurs, et composé avec les contraintes de standards multiples via le site web? Et avec l’obligation de parc pourvu en lecteur.

3) Enfin, mais là c’est la fibre product/project manager qui titille, quels sont les retours espérés par la mise en place du site mobile? quelles sont les objectifs? Ont-ils été atteints au sortir de l’événement?

Si quelqu’un peut me renseigner sur le sujet, je suis évidemment preneur

Bien à vous
Denis Verloes


Denis Verloes
Chef de projet web et mobile en agence et chez l’annonceur, depuis 2001. Développement de concepts... En savoir plus sur cet auteur

Lundi 14 Octobre 2013


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