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Dossier: Mobile first - Plaidoyer pour l'avènement de rédactions réellement orientées mobiles (2/2)


Dans la première partie de ce dossier nous dressions un panorama du "Mobile first" dans les médias de France. Nous essayons ici de tirer quelques conclusions de cette analyse.



Rappel de l'épisode précédent


Annonce de lancement de projets issus de rédactions Mobile first: Ah bon, où ça?

Lors du dernier #journocamp j'ai discuté avec des journalistes porteurs d'initiatives autour de nouveaux titres orientés mobile. Je me réjouis de cette annonce, même si je pense que la partie va être rude  pour installer un nouveau média, par le biais du mobile, tout en arrivant à prouver que les "historiques" se fourvoient dans leur manière d'appréhender le support, et tout en gagnant rapidement en crédibilité financière. Wait and see. Le consommateur tranchera.
 
Le sujet de rédactions Mobile First commence à faire son chemin dans certaines grosses entreprises médias, souvent d'ailleurs porté par le constat des chiffres haussiers des usages mobiles de l'audience, mais aussi et surtout parce que c'est un terme qui fait "in".  Qu'importe si derrière le terme, on met encore aujourd'hui des réalités bien différentes de celles que je défend dans la partie 1  de ce dossier.

Plusieurs entreprise médias de l'hexagone se positionnent sur le sujet du Mobile First  et d'après ce que je sais, d'autres gros groupes devraient suivre dans les prochains jours.


 


Source: Twitter @morgianea
Source: Twitter @morgianea

Pas encore au Monde en tous cas....

Le Monde, par exemple annonçait la semaine dernière sa toute nouvelle application "MOBILE FIRST" pour smartphone s et tablettes, dont je retiens moins les principes d'un réel "mobile first" mis pourtant en exergue dans la publicité, qu'une forme de "rupture" réelle avec la présentation de l'expérience web.
Et l'annonce des formats publicitaires un peu plus ambitieux et spécifiques que le seul interstitiel d'ouverture me semble aussi un indice révélateur de cette rupture.

L''intégration au sein de l'expérience app, d'un fil "direct" inspiré peu ou prou de NYT NOW ou du France TV infos ainsi qu'un pan entier de l'application dédié à la "Slow News" plutôt orientée consommation de salon, sont des outils de catégorisation ou de re-catégorisation du contenu produits pour le web, présentés dans des silos inédits pour les mobiles, mais pas une production de contenu proposée par toute la rédaction pour tout meilleur support au meilleur moment.
Pas du Mobile First, mais du Mobile Differently 
Dossier: Mobile first - Plaidoyer pour l'avènement de rédactions réellement orientées mobiles (2/2)

On notera pour l'anecdote que l'absence préalable  de "dialogue" avec la communauté des utilisateurs pour savoir ce qu'ils veulent, paradigme indispensable du mobile first de demain, ainsi que la rupture unilatérale avec l'accès rapide  aux contenus "chauds" qu'on y trouvait jadis,  ne font pas que des heureux dans la mise en place de ce redesign. Un point justement relevé par Vincent Pillet de User Adgents dans un récent article pour le Journal du net
 
Car en cassant les codes de l'organisation traditionnelle de l'information et en faisant, par exemple, disparaître la slidebar de rubriques, Le Monde fait perdre au lecteur ce qu'il a de plus précieux... son temps. L'accès à la rubrique "Sport" (l'une des plus éloignées) ne se fait ainsi qu'après un défilement (quasi) interminable de rubriques. Pas forcément le meilleur des choix dans la mesure où, comme le rappelle Vincent Pillet, "le mobile n'est pas un média de découverte, mais un média d'accès rapide à l'information".

NDLR: le Monde fait perde a une partie des lecteurs, dans certaines circonstances de consultation, me semblerait plus correct.
 
J'y vois quant à moi une sorte de pari fait sur deux types de communautés de lecteurs du Monde uniquement,  résumées dans la page de présentation de l'appl: Les boulimiques d'actu, à consommation frénétique de hot news et les amateurs d'info de salon. Et forcément ce sont tous les lecteurs entre ces deux extrêmes qui ont l'impression de se sentir lésés ou en tous cas lésés dans certaines de leurs habitudes avec Le Monde, à certains moments de la journée.
 

Source: Site web du Monde
Source: Site web du Monde

Et aussi la preuve d'un tâtonnement expérimental pour tout le secteur.

Car, si on se rend bien compte que 40 à 60% de l'activité numérique de l'entreprise passe désormais par le mobile on ne sait, CQFD,  pas trop encore quelles sont les habitudes d'usage de certaines typologies d'utilisateurs: avides de rapidité, plutôt que de sérendipité entre les rubriques, consommateurs d'une expérience simple et identique au papier, ou plus enclins à retrouver leur catégorie  fétiche que de se plonger dans un "Direct" quand l'actualité du monde ne le nécessite pas à leurs yeux.

Si j'étais mauvaise langue, un peu je dirais aussi que cette nouvelle structure en slider du Monde est aussi (et surtout? ) une aubaine statistique un peu flagrante, et le lecteur se rend compte qu'on le force à "voir" n pages avec publicité
, avant d'arriver à sa catégorie préférée (revenus mobiles espérés en 2014: 30m€ vs 24 l'an dernier).
 
J'ai noté pourtant la mutation rhétorique du discours, lors de la présentation.

Avant quand un média annonçait sa stratégie mobile, il parlait "d'adaptation à terme de tous les contenus du média pour son support mobile" ( ce qui équivalait a jeter de la poudre de fées aux yeux des commentateurs). La nouvelle application du Monde garantit avoir passé cette étape. Il y a ou aura à court terme tout Le Monde dans l'application du Monde, ou en tout cas il devrait y avoir. C'est bien, et plus de fées dans l'aventure. Si tu as bien lu les chapitres précédents de ce volumineux dossier, tu sais je ne suis pas persuadé que c'est pourtant ce que le mobinaute attend. Néanmoins l'analyse des "non lus" sur mobile, corrélés aux usages tablette et PC sera du coup une mine d'information pour affiner la stratégie quant à la nature du contenu à diffuser sur mobile, et quand. 
 
Mais c'est en toute fin de l'exercice que les responsables du projet app du Monde importent la poussière de fée.  Le Monde devient une rédaction Mobile First.  A l'instar de son application. Le terme est abondamment repris par les médias et dans les communiqués de presse autour du lancement de l'app. C'est le but. Une rédaction Mobile First. Mais oui. Ca claque hein?

Tu sais ce que j'entends par là depuis de nombreuses lignes: à mon sens une rédaction qui ne se pense plus en terme de support papier, web, mobile, mais en terme du meilleur moment ou pour diffuser son contenu formaté selon les règles de la nouvelle chronologie de l'actualité. Et là on en est encore loin, dans les faits, malgré l'effet d'annonce.  

En creusant les slides de la présentation, on constate qu'en terme de rédaction Mobile First, Le Monde investit surtout dans de nouvelles ressources RH dont l'entreprise média imagine qu'elles pourront tenir toute la spécificité du mobile. Une spécificité mobile qu'on imagine du coup dans un premier temps, surtout une manière de récupérer et de formater du contenu de tiers, ainsi qu'une aptitude à saucissonner dans de nouvelles rubriques des contenus déjà produits pour un des supports numériques du journal.

Une option Mobile First à deux joueurs en attaque, qui remet à "bientôt" le passage mobile first complet de la rédaction numérique historique.



 
 
 

Interrogés par certains blogs spécialisés,  la direction de l'entreprise ne cache d'ailleurs pas cette orientation, ni l'émulation qu'elle espère que cette "couleur" mobile apportera aux équipes historiques.  On est encore bien loin d'une rédaction complète qui ne pense plus en terme de support, mais en terme du meilleur moyen, moment, support pour y diffuser son contenu.
 
 
 
 

... Ni d'ailleurs chez Les Echos

Cas de figure un peu similaire chez  Les Echos qui tire la bourre au Monde sur le domaine du Mobile first, annoncé dès avril chez eux par une campagne de recrutement de nouveaux talents en charge de cette transitions mobile. (Preuve supplémentaire que le sujet bruisse dans tous les groupes médias).

 

Dossier: Mobile first - Plaidoyer pour l'avènement de rédactions réellement orientées mobiles (2/2)
Les Echos Live, puisque c'est le nom de la structure "Mobile First" du média français, découle de la conférence de rédaction de chaque matin, et oriente un flux d'actualité quotidien, en temps réel, issu de cette dernière.
 
« Un tweet apparaît sur la home de la nouvelle application des Echos. Mais il ne s’agit d’un tweet de L’Equipe. C’est l’un des aspects de « Les Echos Live" . Un flux, en continu, qui mixe articles maison, renvois vers des articles du site des Echos, et éléments extérieurs, comme des tweets.  10 jours après la présentation par Le Monde de leur nouvelle application qui intègre un flux de direct (nous avons décortiqué l’application ici), Les Echos choisissent, eux, de séparer les choses et de présenter une appli-flux, mais en parallèle à leur application principale. Un wanna-be NYT Now, en quelque sorte.  (Source: L'observatoire des Médias) »

Oumpf, ainsi là aussi, le "battage" autour de l'arrivée d'une première expérience Mobile First pour le groupe, consiste en fait à assigner de nouvelles ressources à une restructuration de contenu, ou à son enrichissement en temps réel par des contenus issus de tiers, dans une nouvelle structure d'application. Comme pour le Monde, c'est une super initiative. Mais ce n'est pas du Mobile first comme je l'entends.  

Une nouvelle application qui soit dit en passant choisit de s'absoudre du stystème de CMS multisupport EidosMedia  (celui qui devait intégrer toutes les rédactions et qu'on patche par du Twipe au Standaard) mis en place à grand frais chez des acteurs tels les Echos ou Le Figaro. Dans les commentaire autour du lancement,
 Francis Morel avoue avoir "désintégré l'intégré" pour s'abstraire des lourdeurs du Content Management System qui gère tous les autres supports numériques et papier, du journal. La nouvelle application démonte le contenu intégré et le "remonte" dans une nouvelle application, pour répondre à un nouvelle catégorisation. Ils ne repensent pas leur mode global de fonctionnement de la rédaction. De nouvelles ressources arrivent aux Echos, à qui on demandera de trier des contenus rédigés pour les autres supports du journal ou de les enrichir avec des contenus de tiers de confiance pour convenir au temps réel que requiert l'info sur mobile.

On pourrait ironiser sur la distinction entre une app "historique" bien distincte de l'appli now. De là à penser aussi que le journal "externalise" une appli qui prend le risque d'intégrer dans son propre flux de contenu, des alertes en provenance d'autres médias (insulte suprême pour une OLD rédaction ;-) il n'y a qu'un pas. Qui prouverait plus encore que les rédactions n'ont pas encore accompli leur mue de l'adaptation au Mobile First, mais sont poussés par de bonnes ondes mobiles à explorer ce créneau. Je ne franchis pas, mais j'insinue.
 
« À ce propos, Francis Morel, concède le caractère « embryonnaire » du chiffre d’affaires réalisé sur mobile. Le numérique, lui représente selon le PDG des Echos 18% des recettes totales du groupe (environ 150 millions d’euros), avec un plan à 5 ans, qui mènerait vers un objectif de 30% à l’horizon 2018.  (Source: L'observatoire des Médias)  »
 
 

Pas plus qu'au Parisien

« Le Parisien devient la première marque d'actualités sur Médiamétrie Mobile avec 2,470 millions de visiteurs sur le mois de juillet soit une progression de 23,5% versus juin 2013 et se place devant Le Figaro, Le Monde et l'Internaute. C'est l'un des sites mobile en presse qui fait le plus de pages vues avec 10 968 735 - Elle devient de ce fait la première marque média pour tous public ! C'est une équipe de plus 30 rédacteurs plurimedia qui comprennent les enjeux de l'écriture en s'appliquant à maitriser les outils à leur disposition comme le référencement...  Un succès de près de 5 millions d'applications téléchargées pour 26 applications sur 8 systèmes d'exploitations différents. Mais ne nous y trompons pas l'audience vient de iOS (55%), Android (30%) 4/5 des téléchargement se font sur mobile. L'audience sur WP8 grimpe... La refonte du site mobile du Parisien lancé le 31 juillet, en responsive est aussi un vrai booster, effectivement plus de 60% du trafic vient du site mobile et 40% des applications. Ce sont des équipes internes qui gèrent la conception, la gestion et le graphisme - le développement des applications est confié à des prestataires. » (Source: ServicesMobiles)


Même constat aussi au groupe le Parisien où on nous signale peu avant de lancer une appli d'information hyperlocale: "qu'on va rédiger différemment pour le mobile", mais que pour soutenir ce développement et cette innovation mue par le Mobile Switch, on va être obligé de demander aux gens de mettre la main au portefeuille, (ce que soit dit en passant je ne pense pas viable en l'état actuel du marché).

Là aussi on sent qu'il faut parler du mobile comme un vecteur de changement, mais on noie le poisson, un peu dans un argument économique, parce qu'on ne sait pas trop ce qu'on pourrait dire dans la catégories "écrire différemment pour le mobile".

« Quelle place accordez-vous au support mobile ? Jacques Lallain : Le mobile est la priorité. Les gens sont progressivement en train d’abandonner leur ordinateur fixe pour le smartphone ou la tablette. Nous nous adaptons. (...) Adaptez-vous l’information pour le mobile ? Jacques Lallain : Oui. On ne traite pas l’information de la même manière sur les différents écrans. Pour le mobile, il faut inventer des formats qui sont plus courts avec plus d’images. (Source INAGlobal»

NDLR:Comment arrive-t-on à cette conclusion? Sur base de quelles études? Il faut inventer... Oui mais quand?

Mais pas plus là qu'ailleurs, on ne met réellement la rédaction en ordre de bataille pour les nouvelles pratiques et chronologies offertes par le mobile. Ca me semble assez clair dans les quelques propos liés à la structuration de la rédaction dans le même article (j'abuse?):

« Le métier du journaliste a-t-il changé ? Est-il devenu plus polyvalent ?
Jacques Lallain : Le métier de journalisme n’a pas changé, mais sa pratique oui.  Le métier de journaliste n’a pas changé  Si le journaliste doit pouvoir être en mesure d’utiliser plusieurs formes de traduction de l’information, il ne peut pas les utiliser tous en même temps.
La vie de la rédaction a-t-elle changé ?
Jacques Lallain : Oui, car les journalistes doivent être en mesure de diffuser de l’information à tout le moment de la journée. Aujourd’hui, les premiers journalistes arrivent à 6 heures et les derniers partent à 2 heures du matin. Ils ont trois horloges dans sa tête : celles du numérique, du papier et du magazine qui paraît le vendredi. Les journalistes recrutés doivent être très bien formés et avoir une grande capacité d’adaptation. Pour faire du journalisme, il faut être au top du top. »


Comment faire vivre le mobile dont la courbe d'usage est indiquée plus haut, en ayant seulement 3 horloges dans la tête? Ce n'est pas le principe du tout du temps réel qu'implique la mobilité!

Comment penser "numérique" encore en 2014 comme un tout unitaire,  ou ne pas utiliser les "différentes traductions de l'information quasi en même temps", ce qui est justement ce que j'appelle de mes voeux dans l'invention d'un véritable journalisme Mobile first....
 


 
 

L'avènement des rédactions VRAIMENT mobile First...

 
Espérons néanmoins que les "nouveaux talents" 2 - 4 - 6 dans les meilleurs cas, embauchés par les entreprises médias, jouent aux Echos comme au Parisien ou au Monde et ailleurs un rôle d'émulation de la rédaction standard (une seule rédaction aux Echos) et/ou numérique (une rédaction dédiée au Monde).

Et que ces nouvelles têtes banalisent les les pratiques journalistique du mobile, liées à la chronologie, à la curation et au temps réel. Mais sont-ils déjà formés aux bonnes pratiques mobiles, à l'écriture mobile ou aux nouvelles attentes de l'audience encore si peu étudiées?
 
Au sortir des conférences de presse des grandes entreprises médias, je me rend compte que comme on annonçait hier, qu'un jour il y aurait TOUT dans la solution mobile de l'entreprise média, aujourd'hui on annonce que "Prochainement, il y aura même des contenus dédiés au mobile, préparés par les rédactions historiques", mais sans préciser encore d'horizon précis; de modèle économique pérenne.

Tandis que dans le même temps on met en place des nouveaux personnels en charge de ces nouveaux supports de création, avec l'espoir infime, mais à mon sens illusoire d'arriver à la rentabilité en se basant sur de la simple  "restructuration" de contenu déjà produit mêmement pour "les autres supports numériques".
 
Mais ne jetons pas bébé avec l'eau du bain. Si la date d'entrée en action des rédactions historiques sur le support mobile est encore hypothétique, le discours autour d'une future entrée en lice de rédactions réellement Mobile first existe désormais.

Il témoigne en tous cas que les gestionnaires des projets de "Mobilisation"  ( mais peut-être pas encore les rédactions elles-mêmes) ont pris conscience que le mobile a un avenir, en tant que média intrinsèque, et peut-être à terme comme premier support du Monde, des Echos, du Parisien, ou de tout type de média radio ou télé..

Je ne perds pas espoir.

NDLR: Attention boutade: Libération "nous sommes un journal" a bien engagé ce week-end comme numéro deux, Johann Hufnagel, connu pour le travail de développement de Slate.fr, le pure player attentif à ses solutions mobiles. Si même un "old media" comme la sartrienne institution prend à sa tête un fleuron du numérique, mettons que toutes les rédactions de France à terme comprendront que le mobile est la seule voie d'avenir possible, et qu'il convient de chouchouter spécifiquement ce nouveau canal.
 
 
 

... Peut-être comme seule voie viable des old médias et des médias numériques

Voilà, nous arrivons au terme de ce long plaidoyer / démonstration de la nécessité à se plonger rapidement dans l'ère des rédactions vraiment Mobile First, tant il apparaît désormais comme une certitude, sinon comme une fatalité pour certains,  que le mobile grignote et ne va cesser de grignoter l'audience des solutions "historiques" des médias de France et du monde.  
 
Dans cette mutation vers l'écran mobile, la stratégie du "responsive à tout crin" et du syphonnage du contenu web pour l'écrasement /reformatage dans les six centimètres de large de l'écran du mobile, ne me semble pas une solution à long terme. Pas plus que l'embauche plus ou moins camouflée de nouveaux journalistes en charge uniquement de ce média, pour mettre une "couleur mobile" aux anciennes pratiques du web, aux anciens contenus média.

Parce que le mobile ce sont des pratiques et des attentes différentes de la part des mobinautes, il convient d'enfin se pencher réellement sur leurs attentes rélles, leur besoins spécifiques en fonction du réseau opérateur, du moment de la journée, de la qualité d'écoute possible, de l'ubiquité du consommateur.

Sinon les emplâtres mobiles actuelles faites de nouveaux journalistes et de compression du contenu web ne seront pas capables de faire rivaliser les "old" médias avec les nouveaux zigues qui proposeront des solutions plus agiles, plus à l'écoute, plus participatives, avec plus de répondant, ou réellement  plus adaptées au support mobile dans sa temporalité quotidienne. De nouveaux acteurs qui finiront par tarir les réservoirs d'audience naturels actuels des entreprises médias riches surtout de l'absence de concurrence de nouveaux compétiteurs.

NDLR: A titre d'exemple, et sans même parler de contenu, je me rappelle le petit carton des Bordelais de Mobile Republic, il y a une grosse paire d'années avec leur appli News Republic : Il leur aura suffi d'agréger le contenu des old médias dans une appli rutilante, un peu innovante en matière d'ergonomie et de look and feel pour que tout le monde télécharge leur "média" inconnu du grand public. Imaginons une marque qui viendrait titiller les "old" médias en lançant un service rutilant et une approche réellement dictée par les les usages du mobile....

C'est pourquoi j'appelle à une réelle prise de conscience des responsables des rédactions ou des chef de production à envisager le mobile comme le support essentiel de leur stratégie numérique (et même de leur stratégie sur le média historique). Une primauté qui implique non un saupoudrage ou une adaptation de l'existant par quelques nouvelles ressources, mais bien une refonte en profondeur des rédactions et de l'outil de production  qui ne peuvent indéfiniment courir vers toujours plus de RH.

Il faut que le mobile  émetteur / récepteur d'actu et d'info soit réellement abordé dans une nouvelle chronologie de l'entreprise média et compris dans une nouvelle relation de "connexion perpétuelle" entre les rédactions et leur cible.

De nouvelles manières de "construire" l'info doivent être pensées, où le mobile est un des maillons d'une chaîne de création plus large, plus complète, itérative, en perpétuel enrichissement, cyclique.

La mutation de l'outil de production, en cours dans de nombreuses entreprises médias, motivée surtout par les impératifs de survie économique, doit aujourd'hui s'accompagner d'une réflexion tout aussi transversale sur les messages à adresser à la cible en fonction du support, du moment, de l'endroit de réception et des réseaux d'accès.
 
Une réflexion qui soit fonction des attentes réelles du public, - pas uniquement des poncifs imaginés ou des quelques études un peu légères sur le sujet -, mélange de tests perpétuels et de retour d'expérience.

Une réflexion qui tienne compte de la capacité de production intrinsèque par la cible via son mobile, de sa volatilité ou de son envie d'interaction avec les auteurs du contenu, ainsi que de l'ergonomie spécifique des outils mobiles.

Une mutation qui nourrisse par un journalisme de qualité (rechercher, informer, trier, vérifier) et en temps réel, l'insatiable infobesité de l'audience rapide à trouver seule les mêmes informations, sans l'esprit critique du journaliste

Une mutation qui arrive à ne créer ni décalage ni frustration entre la solution proposée par les entreprises médias et les attentes de leur cible.

Une mutation qui soit comprise aussi par les rédactions auxquelles qui les concçoivent non pas comme une manière de produire plus en gagnant le même salaire, mais en proposant une version efficiente du journalisme à l'heure du multi-supports,

Une mutation qui révolutionne l'ensemble, tout en arrivant à garder une entreprise média économiquement viable.
 
Je vous laisse, on se twitte on se push notif' ;-)
 
Denis.
 

Denis Verloes
Chef de projet web et mobile en agence et chez l’annonceur, depuis 2001. Développement de concepts... En savoir plus sur cet auteur

Lundi 30 Juin 2014


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