20 ans après son rachat par Google, quel avenir pour Android ?

 
👩🏻‍🦰 C’est l’heure de notre chronique Mobile Business, avec Jérome BOUTEILLER, fondateur d’EcranMobile.fr, qui s’intéresse cette semaine à Android, le système d’exploitation pour smartphones de Google, qui fête cet été ses 20 ans, et qui s’apprête à changer de dimension.
 
🧔🏻‍♂️  Bonjour Delphine. Nous allons effectivement fêter cet été les 20 ans du rachat d’Android par Google, qui n’avait déboursé à l’époque que 50 millions de dollars pour s’offrir un projet de système d’exploitation pour smartphones, basé sur Linux, et conçu par Andy Rubin.
 
Android a officiellement été dévoilé 2 ans plus tard, en novembre 2007, à peine 6 mois après l’arrivée de l’iPhone d’Apple. Comme iOS, Android était optimisé pour les écrans tactiles multi touch. Comme iOS, Android proposait un écosystème d’applications : l’Android Market, devenu ensuite le Google Play Store.
 
Mais contrairement à iOS, qui a toujours été limité aux produits Apple, Android a été proposé gratuitement par Google à tous les constructeurs de smartphones afin d’élargir son audience et son écosystème publicitaire.
 
👩🏻‍🦰 Un OS qui a rencontré le succès ?
 
🧔🏻‍♂️ Oui un succès phénoménal puisqu’en quelques années, Android s’est s’imposé chez tous les constructeurs de smartphones, à l’exception d’Apple. 
 
Android a séduit des partenaires historiques de Microsoft et de son Windows Phone, comme Samsung ou HTC, mais également de jeunes constructeurs chinois comme Huawei, Xiaomi, Oppo, Vivo ou RealMe, qui ont en quelques années éclipsé les leaders historiques comme Nokia, qui avait parié sur Symbian, ou Blackberry et son Blackberry OS.
 
Selon StatCounter, Android équipe désormais plus de 3,5 milliards de smartphones dans le monde. C’est une part de marché évaluée sur mobile à 72% dans le monde, -78% en France -. Touts écrans confondus, c’est même un OS devenu plus populaire que Windows.
 
Et c’est cette audience gigantesque, qui permet aujourd’hui à Google de générer la majorité de ses revenus publicitaires avec les liens sponsorisés ou les commissions au sein des applications.
 
👩🏻‍🦰 Un OS bientôt disponible dans une nouvelle version 16
 
🧔🏻‍♂️ Oui et Google a même organisé cette année un évènement dédié à Android 16, distinct de sa traditionnelle conférence développeurs avec 3 principales nouveautés :
 
La première, c’est un nouveau design baptisé « Material 3 expressive » et qui promet d’être moins « plat » que les précédentes versions d’Android, en introduisant notamment une barre de navigation flottante
 
La seconde nouveautés, c’est l’intégration native de l’Intelligence artificielle de Google,  Gemini, qui devrait offrir toujours plus de fonctionnalités en matière de productivité ou de créativité.
 
Enfin, une version d’Android 16 qui adressera toujours en priorité les smartphones, mais qui monte également en puissance sur de nouveaux écrans comme les téléviseurs, les tablettes, les montres, les automobiles et les casques de réalité mixte 
 
👩🏻‍🦰 Une domination contestée ?
 
🧔🏻‍♂️ A l’exception d’iOS, le succès d’Android a entraîné la disparition de tous ses concurrents : Windows Phone, Symbian, Blackberry OS, Bada ou encore Palm OS. Paradoxalement, la quasi totalité des constructeurs qui ont adopté Android ont développé des « surcouches » logicielles, afin de se différencier.
 
Et ces surcouches Android, parfois conçues à partir de son code source, sont en train de donner naissance à de futurs concurrents tels que One UI chez Samsung, ColorOS, chez Oppo, FunTouch OS chez Vivo, MIUI chez Xiaomi ou surtout Harmony OS chez Huawei.
 
Harmony OS est par exemple crédité de 20% de parts de marché en Chine et entend désormais couper les ponts avec Android, en disposant de son propre noyau logiciel LiteOS.
 
👩🏻‍🦰 Quel avenir pour Android ?
 
🧔🏻‍♂️ Malgré la montée en puissance de logiciels chinois, Android devrait rester encore longtemps le « windows du smartphone ».
 
Mais le système d’exploitation, qui était cette pièce centrale entre le matériel et le logiciel, peut désormais être désintermédié par des « super apps », comme ChatGPT, Télégram ou Meta AI, qui deviennent également des plates-formes capables de distribuer des services et des applications. 
 
L’autre menace, elle est juridique avec l’actuel procès contre Google pour abus de position dominante. Le juge fédéral américain Amit Mehta envisage un démantèlement de Google, qui pourrait passer par la revente de Chrome mais également d’Android, une activité dont la valeur pourrait désormais se chiffrer en centaine de milliards de dollars à mettre en perspective avec les 50 millions que Google avait déboursé il y a 20 ans pour son rachat.