Saïd Hadjiat, Mood Messenger : "Les Américains et les Asiatiques ont compris que les messageries étaient les prochaines plates-formes"


Co-fondateur de Mood Messenger, Saïd Hadjiat revient sur la croissance de Mood Messenger, une application de messagerie revendiquant déjà près d'un million d'utilisateurs sur mobile, et partage ses réflexions sur la monétisation de ces plates-formes, tant en BtoC avec les émojis, qu'en BtoB avec les chatbots RCS.



N'est-il pas ambitieux de se lancer sur un marché des messageries instantanées dominé par les géants américains ou asiatiques ?
 
SH - Notre ambition initiale n'était pas de lancer une nouvelle messagerie instantanée mais de trouver une solution de monétisation pour ces environnements, de plus en plus populaires, mais où la publicité traditionnelle est souvent perçue comme trop intrusive pour les utilisateurs.
 
Nous avons justement positionné Mood comme messagerie SMS (avec des fonctionnalités de messageries instantanée) plutôt que comme messagerie instantanée pour ne pas être confrontés frontalement aux géants que vous évoquez. De cette manière, la proposition que nous faisons aux utilisateurs n'est pas d'installer une messagerie instantanée supplémentaire (qui, comme les autres, ne pourrait fonctionner qu'avec les autres utilisateurs de cette messagerie) mais de remplacer la messagerie SMS installée par défaut sur leur smartphone (qui, elle, permet de communiquer avec tous ses contacts et ce quelle que soit la messagerie SMS qu'ils utilisent).
 
Nous avons donc lancé un logiciel pour Android, compatible avec les SMS, mais proposant de très nombreux émojis animés, facilitant le partage de ses émotions. Et le succès a été au rendez vous puisque Mood Messenger a été téléchargé plus de deux millions de fois, compte 750 000 utilisateurs actifs mensuels et fait désormais partie du top 100 mondial des applications les plus populaires.
 
Un succès qui vous permet de valider vos théories sur la monétisation des messageries ?
 
SH - Il est encore trop tôt pour vous répondre mais nous testons différents modèles, avec des émojis de marques associées à un mot clef. Si vous tapez "burger", notre système de frappe prédictive peut suggérer l'émoji burger ou celui d'une célèbre marque de fast food. Idem si vous parlez de café, cela peut être une tasse ou un mug à l'effigie d'une grande enseigne.
 
Mais en attendant de convaincre les marques d'investir ces nouveaux formats, nous testons des modèles à la performance, sur la réservation de restaurants, d'hôtels, de concerts ou de taxis avec quelques partenaires.
 
Avez-vous également des ambitions dans les chatbots ?
 
SH - Oui. Même si tout le monde ne parle que des chatbots de Facebook, nous regardons de très près la technologie RCS, soutenue par Google, et qui pourrait succéder aux SMS contrôlés historiquement par les opérateurs.
 
Mood Messenger est en effet non seulement compatible avec le SMS historique, mais gèrera bientôt le protocole RCS qui va permettre de proposer des expériences de marques avancées aux consommateurs.
 
Mood Messenger : la messagerie souveraine que la France n'attendait plus ?
 
SH - Effectivement, les américains (Facebook, Google, Apple, SnapChat…) ou les asiatiques (WeChat, Viber, Line, …) ont compris que les messageries instantanées étaient les prochaines "plates-formes", au même titre que les navigateurs, les moteurs de recherche ou les stores l'ont été dans le passé. Et Mood Messenger dispose du potentiel pour être la solution de messagerie instantanée souveraine dont la France et l'Europe ont besoin pour garder leur indépendance.
 
Lors de notre visite au Mobile World congress de Barcelone en février dernier, nous avons rencontré beaucoup d'opérateurs. Et certains commencent à comprendre l'importance de travailler avec nous pour non seulement satisfaire leurs utilisateurs mais également reprendre la main sur les GAFAM ou les BAT, qui représentent une menace stratégique indéniable pour leur activité.

Pionnier de la presse en ligne avec le lancement de NetEconomie.fr en 1999, Jérôme Bouteiller est… En savoir plus sur cet auteur

Jeudi 6 Juillet 2017

A lire également