Alain Monteux, Tunstall Vitaris
Avec l’extinction de la 2G en 2026, savez-vous combien d’objets connectés pourraient demain devenir obsolètes en France ?
AM - La fermeture anticipée des réseaux 2G, dès 2026 pour Orange, puis 3G entre 2028 et 2029, a été annoncée sans réelle concertation ni étude d’impact. Là où la plupart des pays européens se donnent un horizon de sept ans, souvent jusqu’en 2030, la France impose un calendrier beaucoup plus contraint, avec moins de quatre années de transition pour la 2G. Cette décision menace directement près de huit millions d’équipements critiques, dont environ quatre millions en 2G. Sont concernés des dispositifs essentiels tels que la téléassistance, les téléalarmes d’ascenseurs, les systèmes d’alarme, la télésurveillance ou encore la gestion des réseaux d’eau.
En matière de téléassistance, l’enjeu est particulièrement aigu. On estime que près de cent vingt mille dispositifs fonctionnent encore aujourd’hui en 2G et cent quatre-vingt mille en 3G, sur un parc national de sept cent cinquante mille abonnés. Ces équipements sont utilisés par des personnes âgées isolées, fragiles ou atteintes de pathologies cognitives, pour lesquelles la téléassistance représente parfois le seul lien vital en cas de chute ou de détresse. L’arrêt prématuré des réseaux les rendrait immédiatement inutilisables, sans qu’une solution de remplacement réaliste puisse être déployée dans les délais annoncés.
Ce choc est d’autant plus préoccupant que la filière téléassistance est éclatée et fragilisée. Elle repose sur une multitude d’associations, de collectivités et de petites structures locales, qui assurent au quotidien un service de proximité mais avec des moyens financiers très limités. Le remplacement anticipé de dizaines de milliers de dispositifs représente pour elles une charge insoutenable (coût du matériel plus onéreux, déplacement à domicile…). La filière n’a ni la capacité de répercuter ces coûts sur les bénéficiaires, ni les marges suffisantes pour absorber un tel bouleversement.
Wifi, 4G, 5G, Satellite… : Concrètement, quelles sont les options envisagées par Tunstall Vitaris pour assurer la continuité de service de ses solutions de téléassistance ?
AM - Tunstall Vitaris bénéficie d’une position particulière puisque nous sommes à la fois prestataire de service et fabricant de matériel. Cette double compétence nous a permis d’anticiper la transition technologique et d’assurer la continuité de service. Nous avons déjà déployé des équipements compatibles avec la 4G et proposé des solutions de raccordement direct via les box Internet. Le remplacement des derniers matériels encore en 2G dans nos parcs clients est anticipée, et garantit une bascule maîtrisée et sans rupture pour les bénéficiaires.
Nous étudions par ailleurs les opportunités offertes par la 5G et, à moyen terme, par les solutions satellitaires. Celles-ci ouvrent des perspectives intéressantes, mais elles ne sont pas encore adaptées à un usage de masse dans un secteur socialement régulé comme celui de la téléassistance. L’enjeu principal ne réside donc pas dans la faisabilité technique, qui est maîtrisée pour un acteur intégré comme Tunstall Vitaris, mais bien dans la capacité de l’ensemble de la filière à encaisser un tel choc. Fragmentée, faiblement capitalisée, soumise à des tarifs contraints (exemple du montant de remboursement fixé par l’APA ou les Carsat), elle se trouve aujourd’hui face à un défi logistique et économique majeur.
Parallèlement à la refonte de vos solutions de connectivité, pourriez-vous également vous appuyer sur l’IA pour améliorer ces services de téléassistance ?
AM - L’intelligence artificielle est déjà à l’œuvre chez Tunstall Vitaris et transforme en profondeur la téléassistance. Nous avons en effet la chance de bénéficier d’un centre d’Innovation et Recherche important.
Couplée à des capteurs disposés dans le domicile, l’IA permet d’évoluer vers une approche plus préventive, en repérant les fragilités ou en détectant les anomalies de vie, comme un changement brutal de rythme ou un isolement prolongé. Elle optimise également certains processus, par exemple dans le suivi et la maintenance des équipements, et apporte un soutien direct aux chargés d’écoute et d’assistance. Grâce à l’analyse des signaux faibles, comme le stress perceptible dans une voix, l’IA peut aider à repérer une situation inhabituelle et suggérer le discours le plus adapté.
Ses applications concernent aussi la santé mentale, en permettant d’identifier des signaux de détresse psychologique et d’accompagner plus finement les personnes concernées. D’ores et déjà, chez Tunstall Vitaris, nous avons mis en œuvre une application IA de santé mentale à destination de nos équipes pour les aider au quotidien et les premiers retours sont très positifs.
Mais le rôle de la téléassistance ne se limite pas à ces apports technologiques. Elle est aujourd’hui le seul service connecté en continu, 24 heures sur 24, au domicile de centaines de milliers de personnes âgées. Cette présence permanente, unique dans l’écosystème des services à la personne, en fait naturellement un point d’ancrage pour organiser et coordonner la prévention au domicile. C’est à partir de ce lien continu que peuvent s’articuler d’autres services : suivi de la santé, détection des risques de chute, prévention de la dénutrition, lutte contre l’isolement, ou encore connexion renforcée avec les aidants et les proches.
L’IA ne remplace donc pas l’humain, mais elle transforme la téléassistance en un véritable pivot des politiques de prévention à domicile. De service historiquement réactif, limité à l’urgence, elle devient un dispositif proactif, personnalisé et centré sur le bien-être global des bénéficiaires. En ce sens, la téléassistance est appelée à jouer un rôle stratégique dans le maintien à domicile et l’adaptation de notre société au vieillissement.
AM - La fermeture anticipée des réseaux 2G, dès 2026 pour Orange, puis 3G entre 2028 et 2029, a été annoncée sans réelle concertation ni étude d’impact. Là où la plupart des pays européens se donnent un horizon de sept ans, souvent jusqu’en 2030, la France impose un calendrier beaucoup plus contraint, avec moins de quatre années de transition pour la 2G. Cette décision menace directement près de huit millions d’équipements critiques, dont environ quatre millions en 2G. Sont concernés des dispositifs essentiels tels que la téléassistance, les téléalarmes d’ascenseurs, les systèmes d’alarme, la télésurveillance ou encore la gestion des réseaux d’eau.
En matière de téléassistance, l’enjeu est particulièrement aigu. On estime que près de cent vingt mille dispositifs fonctionnent encore aujourd’hui en 2G et cent quatre-vingt mille en 3G, sur un parc national de sept cent cinquante mille abonnés. Ces équipements sont utilisés par des personnes âgées isolées, fragiles ou atteintes de pathologies cognitives, pour lesquelles la téléassistance représente parfois le seul lien vital en cas de chute ou de détresse. L’arrêt prématuré des réseaux les rendrait immédiatement inutilisables, sans qu’une solution de remplacement réaliste puisse être déployée dans les délais annoncés.
Ce choc est d’autant plus préoccupant que la filière téléassistance est éclatée et fragilisée. Elle repose sur une multitude d’associations, de collectivités et de petites structures locales, qui assurent au quotidien un service de proximité mais avec des moyens financiers très limités. Le remplacement anticipé de dizaines de milliers de dispositifs représente pour elles une charge insoutenable (coût du matériel plus onéreux, déplacement à domicile…). La filière n’a ni la capacité de répercuter ces coûts sur les bénéficiaires, ni les marges suffisantes pour absorber un tel bouleversement.
Wifi, 4G, 5G, Satellite… : Concrètement, quelles sont les options envisagées par Tunstall Vitaris pour assurer la continuité de service de ses solutions de téléassistance ?
AM - Tunstall Vitaris bénéficie d’une position particulière puisque nous sommes à la fois prestataire de service et fabricant de matériel. Cette double compétence nous a permis d’anticiper la transition technologique et d’assurer la continuité de service. Nous avons déjà déployé des équipements compatibles avec la 4G et proposé des solutions de raccordement direct via les box Internet. Le remplacement des derniers matériels encore en 2G dans nos parcs clients est anticipée, et garantit une bascule maîtrisée et sans rupture pour les bénéficiaires.
Nous étudions par ailleurs les opportunités offertes par la 5G et, à moyen terme, par les solutions satellitaires. Celles-ci ouvrent des perspectives intéressantes, mais elles ne sont pas encore adaptées à un usage de masse dans un secteur socialement régulé comme celui de la téléassistance. L’enjeu principal ne réside donc pas dans la faisabilité technique, qui est maîtrisée pour un acteur intégré comme Tunstall Vitaris, mais bien dans la capacité de l’ensemble de la filière à encaisser un tel choc. Fragmentée, faiblement capitalisée, soumise à des tarifs contraints (exemple du montant de remboursement fixé par l’APA ou les Carsat), elle se trouve aujourd’hui face à un défi logistique et économique majeur.
Parallèlement à la refonte de vos solutions de connectivité, pourriez-vous également vous appuyer sur l’IA pour améliorer ces services de téléassistance ?
AM - L’intelligence artificielle est déjà à l’œuvre chez Tunstall Vitaris et transforme en profondeur la téléassistance. Nous avons en effet la chance de bénéficier d’un centre d’Innovation et Recherche important.
Couplée à des capteurs disposés dans le domicile, l’IA permet d’évoluer vers une approche plus préventive, en repérant les fragilités ou en détectant les anomalies de vie, comme un changement brutal de rythme ou un isolement prolongé. Elle optimise également certains processus, par exemple dans le suivi et la maintenance des équipements, et apporte un soutien direct aux chargés d’écoute et d’assistance. Grâce à l’analyse des signaux faibles, comme le stress perceptible dans une voix, l’IA peut aider à repérer une situation inhabituelle et suggérer le discours le plus adapté.
Ses applications concernent aussi la santé mentale, en permettant d’identifier des signaux de détresse psychologique et d’accompagner plus finement les personnes concernées. D’ores et déjà, chez Tunstall Vitaris, nous avons mis en œuvre une application IA de santé mentale à destination de nos équipes pour les aider au quotidien et les premiers retours sont très positifs.
Mais le rôle de la téléassistance ne se limite pas à ces apports technologiques. Elle est aujourd’hui le seul service connecté en continu, 24 heures sur 24, au domicile de centaines de milliers de personnes âgées. Cette présence permanente, unique dans l’écosystème des services à la personne, en fait naturellement un point d’ancrage pour organiser et coordonner la prévention au domicile. C’est à partir de ce lien continu que peuvent s’articuler d’autres services : suivi de la santé, détection des risques de chute, prévention de la dénutrition, lutte contre l’isolement, ou encore connexion renforcée avec les aidants et les proches.
L’IA ne remplace donc pas l’humain, mais elle transforme la téléassistance en un véritable pivot des politiques de prévention à domicile. De service historiquement réactif, limité à l’urgence, elle devient un dispositif proactif, personnalisé et centré sur le bien-être global des bénéficiaires. En ce sens, la téléassistance est appelée à jouer un rôle stratégique dans le maintien à domicile et l’adaptation de notre société au vieillissement.